La Rose Blanche, Un Combat Pour La Liberté

 

 

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I - La création de La Rose Blanche

 

En 1933, Hans Scholl a quinze ans, Sophie en a douze. Ils
vont être, comme dix millions d'enfants, soumis à l' "éducation"
nationale-socialiste : système militaire, climat de délation,
livres interdits, etc....


Au début, ils adhèrent avec enthousiasme aux
idées de cette politique nouvelle et au "message" du Führer
: "Nous apprenions, écrit Inge, leur soeur et dépositaire
de leur mémoire, qu'Hitler entendait procurer à chacun
du pain et du travail, en donnant à tout allemand l'indépendance,
la liberté et le bonheur. Ce programme nous plaisait et nous voulions
consacrer toutes nos forces à le réaliser....
"


Leur père, militant pacifique et républicain,
à l'esprit critique et aux convictions chrétiennes déjà
profondément heurtées par le paganisme ambiant, ne cache pourtant
pas sa franche hostilité aux nouveaux "seigneurs", et compare
ses enfants à ceux du joueur de flûte Hamelin conduits inexorablement
à leur perte.
Mais Hans, l'aîné, bientôt suivi par
ses deux soeurs et son jeune frère, Werner, perd le premier son insouciance.
Il esquive les réunions des "Hitlerjugend" et leurs
monotones chants militaires, leur préférant d'autres cercles
de jeunesse encore tolérés où il est question de poésie,
musique et culture de tous les pays. A l'heure des auto-dafés, il
se passionne pour la philosophie grecque, Saint-Augustin et Pascal, ainsi
que pour l'écriture sainte (il sera d'ailleurs arrêté
et emprisonné en 1938 pour sa participation à un groupe de
militants catholiques). Bref, Hans est un mauvais élément.

Le père Scholl est à son tour arrêté, puis
relâché. Les enfants doivent contenir leur révolte et
leur indignation. Voici que la guerre et la pression totalitaire se font
plus lourdes encore : toute l'Allemagne leur semble enfermée dans
un vaste réseau d'espionnage des "ennemis intérieurs",
tissu de haine, contrainte, mensonge.
 

1940, Hans est étudiant en médecine à
Munich. Sophie le rejoint deux ans plus tard, inscrite en philosophie. Entre-temps,
Hans est envoyé sur le front de l'Est : il découvre les crimes
monstrueux qui se perpétuent là-bas au nom de la nation allemande.
De son côté, Sophie vient de passer un an en "service
de travail
". Elle l'a vécu douloureusement, en solitaire, se
sentant de plus en plus différente des autres.
A Munich, elle fait la connaissance des amis de son frère
qui eux aussi reviennent de l'Est. Il y a Alexander Schmorell, vingt-cinq
ans, exigeant et généreux, toujours très calme, Christoph
Probst, vingt-trois ans, le plus jeune et le plus mûr, déjà
marié et père de deux petits garçons, et Willi Graf,
vingt-quatre ans, l'esprit sans cesse en ébullition, pressé
de s'engager. Ceux-ci sont tous étudiants en médecine.
 

Ces cinq-là se trouvent et ne se quittent plus.
Leur amitié naît dans une atmosphère de gravité
mais aussi dans l'euphorie d'avoir pu se rencontrer, se parler et se découvrir
semblables : ensemble ils allaient pouvoir puiser la force d'aller à
contre-courant de l'idéologie dominante. Comme tous les jeunes, ils
passent leurs soirées à refaire le monde et un jour ils se
font aussi solennellement la promesse mutuelle de "lutter contre
cette atroce maladie, gangrène de l'esprit qui ronge leur peuple,
de résister avant qu'il ne soit trop tard
".
Mais comment? Ils ne sont en relation, du moins à
l'époque, avec aucun réseau, ils ignorent tout des méthodes
de clandestinité. Ils sont étudiants en médecine et
en philosophie, à l'occasion poètes ou musiciens. Ce sont
là leurs seules armes....

 Un jour, ils tombent sur un poème
de Gottfried Keller : "Quand enfin les criminels, et la mort noire,
seront chassés du pays, alors le jour aura vaincu la nuit....
"
Ce texte agit comme une sorte de déclic : ils ont trouvé leur
forme de résistance. Ils doivent imprimer et diffuser de telles pensées,
et aussi les leurs, jetées sur le papier comme autant de cris longtemps
étouffés, pour réveiller la conscience de leurs concitoyens.


Leur premier tract, signé La Rose Blanche, apparaît en juin 1942. Il sera suivi de cinq autres..

Les cinq "conjurés" sont par la suite rejoints
par Kurt Huber, cinquante ans, professeur de philosophie de Sophie. Il les
aide à rédiger leur prose et leur restera toujours fidèle.