La Rose Blanche, Un Combat Pour La Liberté

 

 

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II - Les tracts de La Rose Blanche

 

C'est vers juin 1942, qu'apparaît le premier tract, signé
"La Rose Blanche", nom inspiré du titre d'un roman d'un auteur apprécié
par Hans, R. Marut Traven, qui racontait une histoire de résistance : "La
doctrine nazie et le mouvement qu'elle a suscité étaient dès le départ basés
sur la duperie collective et donc pourris de l'intérieur.. Où que vous soyez
organisez la résistance passive avant qu'il ne soit trop tard et que la
jeunesse allemande ne soit pas immolée à la démence d'un monstre.
"

Peu de
temps après, les jeunes étudiants impriment une seconde feuille, dans laquelle ils osent
dénoncer ce que personne ne veut voir ni entendre : "Depuis la mainmise
sur la Pologne, 300 000 Juifs ont été abattus comme des bêtes. C'est là
le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine et aucun
autre dans l'histoire ne pourrait lui être comparé. Quel imbécile oserait
dire qu'ils ont mérité leur sort? Pourquoi tant de citoyens restent-ils
indifférents? Faut-il en conclure que les Allemands sont abrutis, enfoncés
dans un sommeil mortel? Chacun veut s'exonérer lui-même. Mais chacun est
coupable, coupable, coupable....
"


Autour d'eux, ils voient des gens disparaître, du jour
au lendemain dans la nuit totalitaire : ainsi le curé du village est jeté
en prison pour avoir demandé aux fidèles de prier pour un prisonnier de
guerre, un pianiste célèbre est arrêté pour ses paroles qui ont déplu au
Führer, une usine est fermée car ses ouvriers se sont brutalement évanouis
dans le brouillard d'une destination inconnue. Ils
savent très bien qu'ils sont condamnés à mort eux aussi, qu'ils ne sont
qu'en sursis, surtout depuis la diffusion de leur troisième tract, appel
déchirant et étonnant à la défaite de leur pays : "Nous pouvons encore nous
délivrer de ce monstre que nous avons nous-mêmes créé. Le seul, le plus
saint devoir de chaque Allemand doit être l'extermination de ces brutes.
Et son premier souci doit être non la victoire militaire sur le bolchevisme
mais la défaite du national-socialisme. Résistez, sabotez partout où vous
le pouvez, dans les usines, les universités. Il faut que les Allemands perdent
la guerre. la fin sera atroce, mais elle sera moins redoutable qu'une atrocité
sans fin....
"


La feuille suivante vise quant à elle une "cible" bien précise : les
chrétiens. Le nazisme avait en effet opéré un renversement des valeurs,
révélant un mépris et une haine aussi inouïs que violents pour le christianisme
et ses principes : mépris de l'homme, mépris du Christ, défenseur des petits
et des opprimés. Les S.S. sont pour La Rose Blanche les soldats de l'Antéchrist
: "Chaque parole d'Hitler est un mensonge. Il dit paix, mais pense guerre.
S'il cite, en blasphémant, Dieu, il ne songe qu'à Satan. Sa bouche est la
gueule puante de l'enfer, réprouvée est sa puissance! N'attend pas qu'un
autre se dresse pour toi. Dieu ne t'a-t-il pas donné lui-même la force et
le courage de t'attaquer au mal là où il est le plus puissant? Tu dois tout
faire pour empêcher la machine athée de la guerre de continuer sa course.
Toi, moi, nous sommes tous responsables.
"
 

Les tracts suivants sont un véritable appel à la révolte
immédiate pour que cesse le massacre sanglant sur le front de l'Est. Pendant
l'hiver 1942-1943, lorsque la bataille de Stalingrad atteint son paroxysme,
les étudiants rédigent avec leur professeur Kurt Huber leur cinquième tract.
Des milliers d'exemplaires sont imprimés et distribués non seulement à Munich,
mais aussi à Augsbourg, Francfort, Stuttgart, Salzburg, Linz et Vienne.
 

Les tracts font référence à d'éminents penseurs, tels que
Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu, ou encore Aristote et évoquent parfois
la Bible. Leurs lecteurs sont invités à participer à une "chaîne de résistance
de la pensée
" en les reproduisant et en les envoyant à leur tour au plus
grand nombre possible de gens.


En février 1943, Hans et Sophie sont seuls dans l'atelier.
Ils finissent l'impression de leur feuille avant le jour. Ils ne savent
pas encore que celle-ci sera la dernière et qu'elle va prendre des allures
de testament. Imprimé à plus de 2000 exemplaires, distribué et envoyé par
la poste, ce sixième et dernier tract commente la défaite de Stalingrad,
condamne les méthodes nazies et invite la jeunesse du pays à se mobiliser
: "Nous avons grandi dans un monde où toute expression de ses opinions personnelles
était impossible. Dans un brouillard de phrases vides, on a voulu nous ôter
notre personnalité, nous espionner, étouffer toute pensée individuelle....
Liberté et honneur! Pendant dix longues années Hitler et ses partisans nous
ont rebattu les oreilles de ces deux mots comme seuls savent le faire des
dilettantes qui jettent aux cochons les valeurs les plus hautes d'une nation....
La honte pèsera pour toujours sur l'Allemagne, si la jeunesse ne s'insurge
pas, enfin, pour écraser ces bourreaux et bâtir une nouvelle Europe spirituelle
".
 

Tract 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6